En dehors du limogeage surprise du ministre des Finances, il y a peu de changements dans l’équipe gouvernementale, dont la composition a été annoncée le 24 septembre.
Attendue depuis le 22 septembre et la confirmation d’Anatole Collinet Makosso dans les fonctions de Premier ministre qu’il occupe depuis mai 2021, la composition du nouveau gouvernement congolais a été dévoilée 48 heures plus tard. Si un bref communiqué avait été lu sur Télé Congo pour annoncer la reconduction du chef du gouvernement, son équipe a fait l’objet, le 24 septembre dans la soirée, sur cette même antenne, d’une présentation plus solennelle de la part de Florent Ntsiba, le directeur de cabinet de la présidence, comme pour mieux rappeler l’importance de la mission confiée à ce nouveau gouvernement : appliquer le plan de développement qui a servi de programme au président Denis Sassou Nguesso (DSN) pour sa réélection en mars 2021.
Pour passer à l’action, le chef de l’État semble avoir resserré les rangs autour de sa personne et d’Anatole Collinet Makosso. La prolongation des fonctions de ce dernier n’est pas une surprise, même si une certaine inquiétude avait saisi son entourage : depuis la proclamation, le 2 août, des résultats des législatives de juillet, les semaines s’écoulaient sans qu’aucune annonce ne soit faite le concernant.
Le Premier ministre sera soutenu par des piliers du régime, qui ont conservé leurs prérogatives et leur ordre protocolaire : Firmin Ayessa à la Fonction publique, au Travail et à la Sécurité sociale ; Alphonse Nsilou, au Commerce et à la Consommation ; Pierre Oba, aux Industries minières, et Pierre Mabiala, aux Affaires foncières. Ces ministres d’État ont été rejoints par Jean-Jacques Bouya, un autre proche du président, qui conserve par ailleurs son portefeuille de l’Aménagement du territoire et des Infrastructures.
Spectaculaire renvoi
Si Charles Richard Mondjo conserve la Défense nationale et Jean-Claude Gakosso les Affaires étrangères, Zéphirin Mboulou retrouve l’Intérieur, après s’être occupé de la Sécurité dans le gouvernement précédent. L’ancien titulaire de la charge, Guy Georges Mbaka, a été placé à un poste beaucoup moins sensible : l’Économie fluviale.
Plus spectaculaire a été le renvoi de Roger Rigobert Andély, jusque-là ministre des Finances et du Budget. Le « père-la-rigueur » du gouvernement, connu pour le Bic rouge qui faisait frémir ses collègues et rassurait les bailleurs de fonds internationaux, a été congédié, comme lors de son précédent passage au même ministère entre 2002 et 2005. Un limogeage qui a quelque peu étonné à Brazzaville et qui survient au moment où une délégation du FMI séjourne dans la capitale congolaise.
C’est Jean-Baptiste Ondaye, un économiste discret et peu connu en dehors du Congo, originaire, comme le sortant, de Boundji, dans le Nord, qui récupère un grand ministère des Finances et de l’Économie (il était jusque-là secrétaire général de la présidence). Quant à Ludovic Ngatsé, jusque-là ministre délégué au Budget, il devient titulaire du poste.
Dans un grand jeu de chaises musicales, Émile Ouosso passe des Zones économiques spéciales (ZES) à l’Énergie, Jean-Marc Thystère Tchicaya des Transports aux ZES, et Honoré Sayi, seul ministre issu de l’opposition, de l’Énergie aux Transports.
Ingrid Ebouka-Babackas laisse l’Économie pour ne conserver que le Plan et l’Intégration régionale. Malgré sa défaite aux dernières législatives, Jacqueline Mikolo a été reconduite aux Petites et moyennes entreprises. Bruno Itoua conserve les Hydrocarbures, Thierry Moungalla la Communication, et Arlette Soudan-Nonault* l’Environnement, pour mieux préparer la prochaine COP qui doit se tenir en Égypte. Autre ministre confirmé, Denis Christel Sassou Nguesso, qui garde la Coopération internationale et le même rang protocolaire (23e) que précédemment.
Outre Jean-Baptiste Ondaye, ce gouvernement davantage retouché que remanié a également été chercher deux personnalités jusque-là attachées à la présidence. Lydie Pongault, ex-conseillère pour la Culture, hérite du ministère du même nom, auquel a été accolé le Tourisme ; Juste Désiré Mondélé, conseiller politique, devient ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur.